Saisonniers 2017 : Cet été encore vos droits ne sont pas en vacances

Publié le 03/07/2017

Plus de quatre-vingts actions figurent au programme de la campagne saisonniers 2017. D’ici à la fin du mois de septembre, les militants CFDT iront à la rencontre de ces travailleurs afin de les informer sur leurs droits.

Au diable les écharpes et les coupe-vent utilisés lors de la campagne TPE de l’automne 2016. Place aux claquettes et aux tee-shirts orange pour aller à la rencontre des travailleurs saisonniers sur les plages ou dans les champs de fruits et légumes tout au long de l’été. Une tradition appréciée par les militants et inaugurée dès 1999 par la CFDT. Au programme de cette dix-neuvième campagne saisonniers, plus de quatre-vingts actions réparties sur l’ensemble du territoire jusqu’à la fin du mois de septembre : des visites impromptues dans les restaurants et les hôtels des stations balnéaires et thermales, les champs de myrtilles ou de melons, les parcs d’attractions et les festivals, grands pourvoyeurs de petits contrats…

       


Guide Saisonniers 2017Le guide pratique des saisonniers

 

Salaire, logement, heures supplémentaires, formations… : tous les droits des travailleurs saisonniers tiennent dans ce petit guide édité tous les ans par la CFDT. L’édition 2017 détaille les nouveautés. Cerise sur le gâteau, en fin de guide, « Les bonnes raisons d’adhérer » à la CFDT.

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De la plage au verger

Dans le rôle de chef d’orchestre, une dizaine d’unions régionales interprofessionnelles soutenues par des fédérations, qui fournissent des fiches d’information sur les métiers de leurs champs professionnels, le tout coordonné au niveau confédéral. « Le 7 mars, nous avons réuni tous les correspondants saisonniers régionaux pour caler l’organisation des actions prévues cette année, explique Sylvain Reboulet, secrétaire confédéral chargé du suivi de la campagne. Nous nous sommes posé collectivement la question des objectifs que nous fixons à ces rendez-vous, ce que nous en attendons, mais nous avons également plus prosaïquement listé les besoins de matériel mis à la disposition des militants. » Une anticipation bienvenue afin que tout soit prêt dès le coup de sifflet donnant l’entame la saison.

À la mi-juin, les guides pratiques des saisonniers, digest très apprécié des droits des salariés, étaient expédiés par colis entiers dans l’ensemble des régions. Dans les cartons, on trouvait aussi des besaces, des flyers, des cartes contact et des stylos portant tous la signature de la campagne CFDT : « Vos droits ne sont pas en vacances ! » « Même si, depuis la crise, nous avons observé une augmentation du nombre de retraités et de chômeurs embauchés l’été avec des contrats saisonniers, nous touchons surtout des jeunes salariés lors de ces campagnes, souligne la secrétaire nationale Inès Minin. Pour beaucoup, il s’agit d’une première expérience professionnelle. Ils ne connaissent pas toujours les droits qui y sont attachés, la valeur du Smic ou la durée maximale journalière de travail, par exemple. »

Rendre les droits visibles aux salariés et à leurs patrons

     

La loi Travail et les contrats saisonniers

La loi El Khomri contient toute une série de mesures consacrées aux travailleurs en contrats saisonniers. Auparavant, seuls les contrats successifs pouvaient être cumulés pour déterminer l’ancienneté du salarié. Désormais, à défaut d’accord de branche ou d’entreprise, elle peut être calculée en additionnant les durées de contrats conclus pendant « une ou plusieurs saisons, y compris lorsqu’ils ont été interrompus par des périodes sans activité dans cette entreprise », précise le texte. Idem en ce qui concerne la reconduction des contrats. Sans accord à l’échelon de la branche ou de l’entreprise, tout travailleur saisonnier bénéficie d’un droit à la reconduction de son contrat dès lors qu’il a effectué au moins deux saisons dans cette entreprise pendant deux années consécutives et que l’employeur dispose d’un emploi saisonnier à pourvoir compatible avec la qualification du salarié. Autre nouveauté : depuis le 1er janvier 2017, les travailleurs saisonniers peuvent bénéficier, en application d’un accord collectif ou d’une décision unilatérale de l’employeur, d’une majoration de leurs droits au compte personnel de formation (CPF) pouvant atteindre 400 heures, contre 150 heures normalement.

     

Cela peut paraître surprenant mais le constat est parfois le même côté employeur. Au-delà des cas de violation flagrante et volontaire du droit du travail, comme l’absence de signature de tout contrat, immédiatement dénoncés par les équipes syndicales à la Direccte (direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi), « nous sommes parfois confrontés à des employeurs un peu perdus, qui ne maîtrisent pas les règles appliquées dans les hôtels, cafés, restaurants, par exemple, remarque-t-elle. Notre rôle, c’est de rendre les droits visibles aux salariés, bien sûr, mais aussi de temps en temps à leurs patrons ». D’autant plus que les règles en matière de reconduction des contrats et de prise en compte de l’ancienneté ont évolué ces derniers mois.

Selon Michel Larralde, de la CFDT-Aquitaine, ce travail pédagogique constitue une excellente occasion d’entamer la discussion : « Nous avons mis l’accent l’an passé sur l’accès des salariés de moins de 30 ans à la garantie locative Visale créée en février 2016. Les saisonniers y ont droit, au même titre que les autres. C’est une information qui les concerne mais qui peut également intéresser leurs employeurs, parfois contraints de se porter caution pour leurs salariés quand le marché est très tendu. » Rebelote cette année avec des tracts sur la procédure à suivre en vue de bénéficier de cette garantie, sur les lieux où se renseigner, la façon de valider sa demande de cautionnement, etc. « On ne mesure pas la difficulté que les saisonniers éprouvent à se loger, insiste Michel. Je profite aussi de ma casquette de mandaté CFDT au comité régional Action Logement pour y évoquer les besoins constatés lors de nos tournées sur le terrain. »

Dans le Nord-Pas-de-Calais, face au nombre élevé de militants prêts à s’engager dans la campagne (l’an dernier, ils étaient plus de deux cents à participer aux différentes actions proposées par l’ex-région !), l’union régionale a décidé de doubler le nombre de rendez-vous. Aux habituels jeudis saisonniers instaurés depuis quelques années se greffent d’autres journées d’action, certaines organisées conjointement avec les équipes picardes. « Nous avons identifié deux cibles : les parcs d’attractions et les stations balnéaires, explique Yannick Ghoris, secrétaire régional. En multipliant les dates, nous pourrons sillonner les centres-villes et les campings, ce que nous ne parvenions pas à faire jusqu’à présent. » Autre illustration de cette volonté de toucher un public plus large, les actions tournées vers les contractuels de la fonction publique territoriale. « Ils sont nombreux à faire des remplacements l’été, souligne Marcel Aucoin, de l’Union territoriale interprofessionnelle du littoral. Nous nous sommes rapprochés des syndicats Interco afin de rendre plus efficaces nos journées consacrées à Dunkerque, Calais et Berck. »

Loin des cris des mouettes et du bruit des vagues, d’autres militants vont quant à eux labourer les terres agricoles sous le soleil d’été. En Anjou, à la cueillette des myrtilles ; en Aquitaine, à l’occasion des opérations de séchage des pruneaux ou encore en Poitou-Charentes lors de la récolte des melons. Les 17 et 18 juillet, la CFDT renouvellera une opération déjà menée avec succès en 2013 : la rencontre de saisonniers bulgares s’échinant dans les champs de ces cucurbitacées. Une opération imaginée et menée avec le syndicat bulgare Podkrepa. « Depuis quelques années, les entreprises de maraîchage embauchent davantage en direct et font moins appel aux boîtes d’intérim internationales, observe Laurent Chérigny, secrétaire fédéral de la FGA-CFDT (Fédération générale de l’agroalimentaire). Nous allons vérifier qu’elles respectent les conventions collectives territoriales, et notamment qu’on ne trouve pas sur les exploitations des salariés bulgares qui travaillent sept jours sur sept. »

Des équipes appelées à travailler davantage ensemble

Dans le Limousin, ce sont les cueilleurs de pommes qui seront ciblés à la fin septembre avec, c’est une première, un travail en commun effectué par les unions départementales de Haute-Vienne et de Dordogne. « Nous allons tracter aux arrêts des bus qui transportent les saisonniers jusqu’à leur lieu de travail en leur précisant où et quand nous serons présents pour les renseigner sur leurs droits. Les vergers sont à cheval sur les deux départements, ils ne connaissent pas les frontières administratives, sourit Jean-Paul Parot, secrétaire général de la CFDT de la Haute-Vienne. Avec cette action, on anticipe la création de la future union régionale de la Nouvelle-Aquitaine. » De quoi souder des équipes appelées à travailler davantage ensemble. « Refaire l’expérience du contact avec les travailleurs, reprendre le goût de l’action de terrain mais aussi de la convivialité d’un travail en collectif, c’est fédérateur et formateur pour les adhérents », appuie Inès Minin. La campagne saisonniers, une école militante…

dprimault@cfdt.fr

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